
Bonjour Noro, je suis très heureuse de te retrouver, après notre première interview deux années se sont écoulées.
J’ai suivi très attentivement ton évolution et je suis très fière de constater que ton ascension ne fait que commencer. Raconte-nous tout !
1. As-tu rencontré des défis importants depuis notre précédente entrevue ? Comment les as-tu surmontés ?


Notre dernier entretien remonte à 2021 et vous avez raison, il y a eu une évolution dans mon parcours artistique. J’ai bien participé à l’exposition à Londres à la Fitzrovia Gallery en 2021. Ma première exposition à l’étranger qui a eu des retombées. J’ai été contactée par des galeries à Paris et j’ai notamment exposé à plusieurs reprises à Paris en 2022. Je peux citer la galerie La Beauté du Matin Calme et L’espace Ysmailoff dans le 15e.
2. Quels sont les nouveaux projets sur lesquels tu travailles actuellement ?
Une question pertinente, en effet en ce moment je travaille sur une nouvelle série que j’ai appelée, New York Vibes suite à collaboration avec le magazine Mozaik de l’Océan Indien. Suite à mon voyage à New York en mai 2023, le magazine m’a demandée d’écrire un récit de voyage que j’ai décidé d’illustrer avec une série de tableaux sur New York. J’ai ainsi créé une série de 4 tableaux. C’est un projet qui m’a beaucoup plu et je me dis que je vais sûrement rajouter au moins deux nouveaux tableaux sur New York cet été.




Et je vais participer à une exposition collective à Beaune en octobre, des artistes talentueux que j’ai eu le plaisir de rencontrer récemment, on sera 5 artistes pour cette exposition d’une semaine du 26 octobre au 1er novembre 2023 à Beaune, à la chapelle Saint Etienne. Je mettrai toutes les informations sur mon compte Instagram. Pour cette nouvelle exposition, je suis en train de préparer une nouvelle série de tableaux dont le thème vous sera dévoilé lors de cette exposition en Bourgogne. Je viens de collaborer avec le restaurant malgache Mafana à Paris, ils viennent d’ouvrir un deuxième restaurant et ils veulent également en faire une galerie d’art, ce restaurant m’a sollicitée pour y exposer mes œuvres. Je collabore déjà régulièrement avec l’hôtel 3 étoiles et restaurant Le Moulin d’Hauterive, à Saint Gervais en Vallière qui a déjà exposé mes œuvres à plusieurs reprises. Notre prochaine collaboration aura lieu le 24 juin pour une exposition de 3 semaines.
Et je continue de collaborer avec la boutique d’artisanat à Antananarivo, Lisy Gallery qui vend mes tote bags depuis décembre 2022. D’ailleurs, je prends beaucoup de plaisir à créer mes produits dérivés, des mugs et des tote bags qui sont créés à partir de mes tableaux.



La nouvelle collection de cet été c’est bien entendu la série de New York Vibes.
3. Comment tes perspectives ou ta vision a-t-elle évolué depuis notre dernière conversation ?
Je pense que mon art a évolué depuis notre conversation en 2021, même si je précise que je continue à faire uniquement de la peinture à l’huile. En 2021 j’étais à la recherche de mon identité visuelle et j’aimais bien l’art abstrait, le jeu des couleurs vives, mais aujourd’hui je sens que je sors de ma zone de confort. Je prends beaucoup de plaisir à créer une série de tableaux sur le même thème mais je suis passée du style purement abstrait à un style semi-figuratif qui m’inspire en ce moment. Ma dernière collection New York Vibestémoigne bien cette évolution de mon art. Chaque titre de cette série de tableaux reflète ma vision de New York, le premier tableau s’intitule La statue de la liberté revisitée, 60 x 30cm, le deuxième tableau, Jazz à Harlem, 40 x 40cm, je tenais à faire ce petit clin d’œil à la communauté noire aux USA. D’ailleurs, j’ai visité le Lincoln Memorial et j’ai ressenti une grande émotion en me retrouvant à Washington DC au même endroit où Martin Luther King a fait son discours « I Have a Dream » en 1963.
Je pense que c’est important en tant qu’artiste d’être une artiste engagée, ce monde a besoin de personnes qui restent fidèles à leurs convictions. Le troisième tableau de cette série s’intitule Le Patchwork New Yorkais, 60 x 30cm où on retrouve les symboles de New York, la grosse pomme, encore un instrument de musique qui fait référence au jazz américain. Le gratte-ciel visité et toujours ce cornet de glace qu’on retrouve dans mes œuvres. Ce cornet de glace fait partie de mes souvenirs d’enfance. Un hommage à ma grand-mère qui fabriquait de la glace artisanale avec sa machine industrielle que ses fils lui ont envoyé de Suisse. Elle a compris très tôt qu’une femme devait être indépendante financièrement. Et avec la quatrième œuvre, Grandeur et Décadence à New York, 😯 x 40cm, la boucle est bouclée. J’ai réuni dans ce tableau le côté mythique de New York qui fait rêver les touristes du monde entier et dans ce titre le mot décadence, car j’ai vu aussi la face cachée de la ville, le problème de l’immigration ; La pauvreté qu’on retrouve dans les quartiers défavorisés ou même les plus démunis qui font tout simplement la manche dans le quartier de Times Square. Mon bâtiment symbolise l’enfermement, mais il y a quand même cette figure de la statue de la liberté en vert qui représente l’espoir.

4. Y a-t-il des événements ou des expériences spécifiques qui ont influencé ton parcours depuis notre dernière rencontre ?
C’est une question qui me ramène tout de suite à mes 3 expositions à Paris en novembre et décembre 2022. J’ai eu la chance d’avoir été sélectionnée par l’Ambassade de Madagascar à Paris pour la première édition de Madagasc’art. Je tiens à remercier tout particulièrement Son Excellence M. l’ambassadeur de Madagascar, Rajohnson Olivier et son épouse, Mme Rajohnson Nivo, car ils ont vraiment contribué au rayonnement de l’art malgache à travers ces deux grandes expos à Paris. La première exposition a eu lieu au sein de la Résidence de Monsieur l’ambassadeur, on était 7 artistes sélectionnés et il y avait plus de 80 tableaux lors de cet évènement. La deuxième exposition a été organisée par l’ambassade en collaboration avec la mairie du 16e. Et on a eu une très belle exposition à la mairie du 16e en décembre. Ces deux événements m’ont permis de montrer mon art à la communauté malgache. Et j’ai terminé l’année 2022 avec l’exposition collective qui a eu lieu à l’Espace Ysmailoff. La galeriste Valentine Druart défend mon art depuis notre première exposition ensemble en juillet 2022.

Et j’aimerais mentionner ma première exposition en solo de l’été 2022 au Centre anti cancer CGFL à Dijon. C’était important pour moi d’avoir pu exposer mon art dans ce milieu hospitalier. 42 tableaux y ont été exposés pendant 2 mois et j’étais ravie que mon univers tout en couleurs ait égayé ce lieu particulier.
Et récemment en terme d’expérience, j’ai été subjuguée par la visite du musée MoMA à New York. J’ai retenu la leçon de mon professeur, Didier Dessus, il faut exercer son œil dans les musées. Quelle émotion de découvrir les tableaux de ces grands peintres qui m’ont influencée dans mon art ! Sonia Delaunay, Georgia O’Keeffe, Frida Kahlo et surtout Matisse. Etrangement la découverte des tableaux de Picasso à New York m’a ramenée à la découverte des œuvres d’une des femmes de sa vie, Françoise Gilot qui a disparu récemment mais dont l’art mérite d’être vraiment reconnu. J’aime l’esprit libre de cette artiste, on la surnommait La femme qui dit non.


5. Quelles sont les leçons les plus importantes que tu as apprises au cours des deux dernières années ?
Le monde de l’art est un milieu difficile, il faut connaitre ses codes et s’armer de patience. Il ne faut pas se décourager face aux échecs, mon objectif premier c’est de partager mon monde intérieur, mon art coloré, une association de couleurs vives et de formes géométriques. Beaucoup d’artistes sont déçus suite à une exposition où on ne vend pas forcément nos œuvres. Dans mon cas l’art m’enrichit de 1000 façons, j’ai ma communauté d’artistes avec laquelle j’échange beaucoup. Peindre m’apporte cette sérénité au quotidien face aux épreuves de la vie.
Sur un plan personnel, j’ai eu deux accidents de voiture depuis notre rencontre et je me dis qu’on peut perdre tout ce qu’on a du jour au lendemain. Aujourd’hui je sais profiter du moment présent. Et la pandémie a quand même marqué nos vies ces deux dernières années, je me dis qu’être en bonne santé c’est déjà une vraie bénédiction.
6. Quels sont tes aspirations et objectifs à court et à long terme pour l’avenir ?
J’aimerais exposer mes tableaux à Madagascar, je viens de découvrir la fondation H lors de mon dernier séjour à Antananarivo en aout 2022. J’ai beaucoup aimé l’exposition à L’Hôtel Tamboho à Antananarivo.. Je me dis pourquoi pas une nouvelle collaboration avec cet hôtel ?
7. Comment ton travail ou ta passion a-t-il eu un impact sur votre communauté ou sur d’autres personnes ?
Je sais que la communauté malgache vient juste de découvrir mon art à travers les deux expositions à Paris en 2022. Je suis toujours touchée quand je reçois des messages de soutien de mes compatriotes quand ils découvrent pour la première fois mon univers artistique. En avril dernier, le magazine No Comment a publié une interview sur mon art ainsi que le Magazine Mozaik de l’Océan Indien. Suite à ces deux articles j’ai reçu des messages de ma communauté qui commence vraiment à me suivre.
Comme je le disais précédemment j’étais touchée quand les patients au CGFL m’ont dit que ma peinture colorée a égayé leur quotidien lors de mon exposition au CGFL de Dijon. L’art a cette vertu thérapeutique.




8. Quels conseils donnerais-tu à ceux qui aspirent à suivre tes traces ou à poursuivre une carrière similaire à la tienne ?
Je n’ai pas encore assez d’expérience pour donner des conseils mais je sais qu’aujourd’hui si on veut donner de la visibilité à son art, il faut passer par les réseaux sociaux. Il faut faire des choix, le processus de création est beaucoup plus important à mes yeux que le temps passé sur les réseaux sociaux. Il est nécessaire de créer d’abord son œuvre avant de penser à promouvoir quoi que ce soit. Et pour moi l’acte de création demande un retour à son monde intérieur, je crée dans le silence et la solitude. Je pense qu’il est également enrichissant d’échanger avec les autres artistes et de partager ses expériences. J’ai compris également qu’on doit investir dans du matériel de bonne qualité quand on commence à exposer en galerie. Il faut chercher avant tout son identité visuelle, ne pas hésiter à sortir de sa zone de confort pour découvrir d’autres sources d’inspiration. Dans mon cas, j’ai besoin de parcourir les musées pour avoir cette conversation secrète avec les grands peintres à travers leurs œuvres.
9. Qu’est-ce qui te motive et t’inspire dans ton domaine d’activité ?
Ce qui me motive c’est de voir le chemin parcouru depuis deux ans, de continuer à faire ces belles rencontres grâce à mon art. De me dire qu’un client potentiel peut avoir le coup de cœur face à mes tableaux. Et de peindre pour le plaisir et d’être fidèle à mes convictions en tant que femme artiste. C’est tellement émouvant quand on sent que notre œuvre parle au spectateur qui la regarde. Cultiver cette notion de sororité que j’aime avec ces femmes qui partagent mes valeurs. Mais je connais aussi des hommes qui me soutiennent dans ce parcours artistique. Et un grand merci à toute cette communauté d’artistes, ma famille et les amis qui m’encouragent jour après jour.
Et je remercie Gasy Mag de suivre mon parcours artistique en m’accordant cette deuxième interview.

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